Etude sur le Bonheur…
Aujourd’hui, je vous retrouve pour une Chronique particulière qui permettra à ceux qui la liront de (re) découvrir certaines idées philosophiques. Récemment, je me suis interrogée : qu’est-ce que le bonheur ? Comment être heureux ? Le bonheur est-il un état défini ou est-il propre à chacun ?
La philosophie est un perpétuel questionnement, sur le monde, sur nous-même… Je la perçois comme un phare, une lumière lointaine.
J’ai donc lu deux ouvrages : Lettre à Ménécée d’Epicure (341 av. J.-C. – 270 av. J.-C) et La vie heureuse de Sénèque (5 av. J.-C. – 65). J’ai beaucoup aimé ma lecture. Je me suis surprise à réapprécier ma vie, à la redécouvrir. Je garde de ses phrases un souvenir profonde, elles ne me quitteront jamais.
Commençons par la vie heureuse :
Cet ouvrage peut sembler strict au premier abord : Sénèque à une définition tranchée de la vie heureuse et de ce que doit être un homme bon. Mais, au fur et à mesure, il différencie un homme d’un sage. Il recontextualise les plus grands vices de l’homme (l’argent, la jalousie, les plaisirs) et les réenvisage :
Les richesses m’appartiennent tandis que tu appartiens à tes richesses.
Celui que poursuit le plaisir néglige d’abord sa liberté [… ] il n’achète pas les plaisirs pour lui mais se vend lui-même aux plaisirs.
La foule est le critère du pire : cherche le meilleur et non ce qui est considéré comme tel.
Il dépeint donc un portrait idéal avant de le briser. Nous ne pouvons atteindre la perfection, il en est conscient. Nous pouvons en revanche cultiver la vertu et lui donner la place qu’elle mérite dans notre quotidien. L’essai est déjà une forme de réussite. Dans La tranquillité de l’âme, Sénèque que le véritable sage n’existe pas, il faut donc choisir d’être le meilleur ou le moins mauvais.
Que m’a appris ma lecture ?
Beaucoup de choses. J’ai réalisé que je connaissais déjà ce qu’elle contenait mais, que je refusai de le comprendre.
Le temps est un des sujets qu’aborde Sénèque. J’avoue avoir d’abord été détaché : avec l’arrivée d’Internet, des réseaux sociaux, des horaires, de notre vie « compte à rebours », je pensais ne pouvoir appliquer ces mots. En vérité, ils résonnent. La philosophie des stoïciens est une philosophie qui traverse le temps. C’est un pilier. C’est l’essence d’une sagesse qui voit défiler les années sans jamais se perdre. La preuve est que ce livre s’achète encore aujourd’hui.
L’homme heureux est celui qui se contente du présent, quel qu’il soit.
Il faut toute la vie pour apprendre à vivre.
Tout nous échappe, il n’y a que le temps qui soit nôtre.
La vie ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie.
Pour Sénèque, le futur est une illusion : il faut attendre ce que l’on peut accomplir, non pas ce que l’on veut accomplir. Car c’est ce que l’on peut accomplir qui nous rend heureux. L’attente, pour lui, est un poison : aucun d’entre nous n’a de l’emprise sur son futur.
Il faut se préparer à cet avenir, de manière objective, sans se laisser distraire par son monde idéal. Par exemple, Sénèque se prépare à la pauvreté car, ses richesses sont matérielles, elles ne sont pas tenues de s’accroître. Ainsi on arrive à envisager ce que l’on veut et que l’on est capable d’obtenir.
Car ce qui compte, c’est le présent. Aucune chose n’est insurmontable pour celui qui s’y est préparé et celui qui apprend. On contrôle ce que l’on vit, ce que l’on fait. On ne contrôle pas l’instant d’après. Je pense que les citations sont plus éloquentes que mon paragraphe mais, je tenais à approfondir.
Vous voulez être heureux ? Soyez-le par vous-même.
La foule est le critère du pire.
Un autre point sur lequel Sénèque insiste est la foule, le jugement. L’homme a besoin des autres, mais cela veut-il dire les suivre, et oublier notre propre voix, notre propre pensée ? Non. Et lorsqu’un brouhaha général s’élève, il est facile d’oublier sa voix. Or, c’est la première qui mérite d’être écoutée. On a beaucoup à apprendre des autres, on a beaucoup à apprendre de nous-même. L’important est de trouver un équilibre. La solitude et la sociabilisation sont toute deux nocives à fortes doses, mais sont également leur antidote.
Selon Sénèque, penser par soi-même permet d’atteindre cet état de bonheur profond : le chemin que l’on doit suivre est celui auquel on aspire.
Je conclurai donc mon analyse de lecture en disant que l’opinion évolue. J’ai lu trois fois ce livre et je ne l’ai jamais regardé de la même façon. C’est donc une chronique qui reflète ce à quoi je suis sensible. D’autres points méritent d’être cité, je ferais donc un deuxième article si l’idée doit être encore approfondie !
Lettre à Ménécée d’Epicure
Je ne comprends pas l’opposition que l’on fait entre Epicure et Sénèque. On associe souvent l’un aux plaisirs, à l’abondance, la jouissance et l’autre au dépouillement, au silence… Je ne partage pas cet avis. Bien que leur philosophie et leur vision de la vie et du bonheur est différente sur certains points, ils se rejoignent et j’ai finalement trouvé une harmonie entre leurs deux ouvrages. Ils m’ont tous deux énormément appris.
Dans Lettre à Ménécée, Epicure explique ce qui pour lui semble être les fondations du bonheur et établit sa propre vérité. Ce qui m’a touché dans cette philosophie antique, c’est la manière qu’ont Sénèque et Epicure de mettre leurs enseignements à la portée de tous. Ils réexpliquent leurs mots pour qu’ils deviennent limpides. C’est pourquoi je considère leur écriture comme très accessible.
Que m’a appris cette lecture ?
Cette vérité que la mort n’est rien pour nous nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité.
La mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers et que les seconds ne sont plus.
La mort pour Epicure est étrangère. Il sait que la mort est la crainte des hommes, mais précise que cette crainte est vaine : elle n’aboutira jamais ni en bien, ni en mal. Il est plus douloureux d’attendre la mort que de la vivre.
Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse.
Quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs voluptueux inquiets ni de ceux qui consistent aux jouissances déréglées […] Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à ne pas souffrir, et pour l’âme, à être sans trouble.
Parmi les objets de nos désirs, les uns sont naturels sans être nécessaires, d’autres sont naturels et nécessaires ; les autres, enfin, ne sont ni nécessaires ni naturels, mais l’ouvrage du caprice.
Le plaisir et les désirs sont pour Epicure essentiels. L’homme est né avec cette volonté d’acquérir ou de gagner et par dessus tout, avec cette volonté d’être satisfait. Simplement, il faut différencier nos envies et s’interroger sur leur nature, déterminer d’où elles viennent.
Le plus grand des bien, c’est la prudence.
Il faut donc réfléchir, s’interroger, identifier la source de nos maux comme de nos joies. Sans la prudence qui rime avec ces verbes, le bonheur n’est pas constant. Cette notion de prudence vient du grec « phronesis », elle employée par Aristote, c’est pour certains philosophes le pilier du bonheur.
Pour conclure :
Je recommande ces deux essais ! Bien entendu, chacun à une vision différente de ce qu’est le bonheur. Certains l’envisagent comme un pic d’énergie, de joie, d’inspiration, d’autres comme un pilier. C’est un peu comme deviner le goût d’un fruit inconnu : pour chacun il sera légèrement différent, mais, tout aussi délicieux.
N’hésitez pas à me partager vos avis sur le sujet !
Aurore.
Ajouter un commentaire
Commentaires
Coucou ! J'ai beaucoup apprécié ton article, même si pour être honnête, quelques notions m'échappent encore. Je pense qu'après plusieurs relectures je me familiariserai plus avec ces notions. Je découvre en ce moment l'univers de la philosophie et tu m'as donné très envie d'approfondir. Cet article m'a fait découvrir cet univers, donc continue !